Commentaires de décisions et arrêtsMéthode de détermination de l’avantage sélectif compris dans une mesure fiscale : L’arrêt World Duty Free du 21/12/2016
Par François Gagnaire, consultant Aides d'Etat Conseil.
RÉSUMÉ :
Par cet arrêt, la Cour rappelle au Tribunal que la sélectivité d’une mesure fiscale (sa sélectivité en tant qu’aide) repose d’abord sur la détermination d’un régime fiscal de référence. En l’espèce, l’impôt sur les sociétés. Une fois ce régime fiscal de référence défini, il faut examiner si la mesure en cause lui est ou on dérogatoire. Cette dérogation tient ici au fait que certaines entreprises bénéficient de l’avantage en cause et d’autres pas (sélectivité prima facie). Il faut enfin vérifier si cette dérogation se justifie par la nature ou l’économie du système de référence. Par exemple, une imposition minorée pourrait être justifiée par la taille de l’entreprise concernée ou la nature de sa production.
En l’occurrence cette sélectivité fait défaut car les entreprises espagnoles prenant une participation dans une entreprise étrangère sont dans une situation juridique et factuelle comparable à celle des entreprises espagnoles prenant une participation dans une autre entreprise espagnole, et ce, au regard de l’objectif poursuivi par le régime fiscal de référence. La mesure dérogatoire ne se justifie donc pas par la nature ou l’économie du système de référence.
En exigeant de surcroît que la Commission identifie certaines caractéristiques propres et spécifiques communes aux entreprises bénéficiaires de l’avantage fiscal permettant de les distinguer de celles qui en sont exclues (par exemple des entreprises présentes à l’internationale ou pas), le Tribunal introduit une exigence supplémentaire de double sélectivité que la jurisprudence de la Cour n’exige pas et qu’elle censure.